Ce numéro du journal LE ZigZag met en lumière des femmes de qualité qui ont décidé chacune à leur façon d’aller au bout de leurs rêves. Ces femmes sont-elles des exceptions? Les qualités qu’elles manifestent se retrouvent-elles chez les femmes en général?
Susan Nole-Hoeksema, professeure de psychologie à l’Université de Yale, s’est intéressée à cette question. Elle a entrepris une vaste revue de la littérature scientifique afin de déterminer quelles sont les forces uniques des femmes. Le résultat de ses recherches se retrouve dans son livre intitulé Le pouvoir des femmes, publié en anglais en 2010 et en français en 2019.
Grâce aux théories évolutionnistes inspirées des travaux de Darwin, on sait que les humains ont développé l’ensemble de leurs caractéristiques physiques et comportementales sous la pression évolutionniste. Essentiellement, ce sont les individus les mieux adaptés à leur milieu qui ont survécu. Sous cet angle, les recherches de Suzanne Nolen-Hoeksema (1) l’ont amenée à regrouper les forces uniques aux femmes en quatre groupes distincts, soit les forces mentales, les forces identitaires, les forces émotionnelles et les forces relationnelles.
Les forces mentales
Comme les femmes ne disposaient ni de la force physique ni du pouvoir des hommes, elles ont dû trouver des moyens autres pour survivre et pour s’épanouir. Souvent confinées à la pauvreté et préoccupées de leurs petits, les femmes ont dû apprendre à s’adapter à l’extrême précarité et à composer avec le peu qu’elles avaient.
Elles ont développé de l’ingéniosité dans l’art d’utiliser les ressources existantes pour s’occuper des leurs. Elles ont compris qu’il y avait plusieurs façons de faire pour arriver à leurs fins et que c’est souvent en sortant des sentiers battus qu’elles trouvaient des solutions inédites à leurs problèmes.
Plutôt que de chercher à faire les choses à leur manière et d’en tirer une certaine gloire, les femmes ont appris à se concentrer sur leurs tâches, à rester ouvertes aux idées d’autrui et à accepter les solutions des autres quitte à leur en laisser le mérite.
Une autre habileté intellectuelle qui en fera sourire plus d’une, les femmes savent demander de l’aide. Elles n’ont pas à prouver leur valeur à tout moment, si bien qu’elles ont appris à compter sur les forces des gens qui les entourent.
L’adversité à laquelle les femmes se sont toujours heurtées les a amenées à rester optimistes en toute situation. Toujours à l’affût de solutions nouvelles, elles ont appris à faire confiance à la vie, la seule attitude susceptible de leur permettre de survivre.
Ingéniosité, ouverture d’esprit, flexibilité mentale, attitude de collaboration, optimisme sont les forces mentales que les femmes ont développé de façon unique, prépondérante.
Les forces identitaires
On a souvent répété que les femmes avaient une faible estime d’elles-mêmes. Des recherches récentes ont balayé ces affirmations. Les études menées avant 1970 et depuis n’ont pas trouvé de différences significatives entre les hommes et les femmes concernant l’estime de soi et le sentiment de contrôle et de maîtrise de sa vie. Il importe donc de cesser de colporter de tels préjugés.
Le fait que, de tout temps, les femmes aient dû faire face à des situations subies – mariages forcés, violence sexuelle, soumission à l’homme, nécessité de suivre ce dernier dans l’évolution de sa carrière –, elles ont acquis une extraordinaire capacité de résilience et une grande créativité. Cette grande capacité d’adaptation leur a permis de développer un sentiment d’identité solide et stable, mais capable de s’ajuster aisément aux événements de la vie.
Les femmes se distinguent également par le fait que leur identité repose sur les divers rôles qu’elles jouent – mère, épouse, sœur, amie, collègue, carrière et autres –, et sur les différentes facettes de leur personnalité. En cas de coup dur, les femmes comptent à la fois sur un moi solide et souple ainsi que sur les multiples relations qu’elles entretiennent.
Les forces émotionnelles
Les femmes sont exceptionnellement douées sur le plan émotionnel. On peut même dire qu’elles possèdent tous les éléments de l’intelligence émotionnelle.
Les habiletés de communicatrices que l’on attribue aux femmes semblent bien réelles. Elles décodent avec une relative justesse les émotions, les besoins et les intentions des gens qui les entourent et qui contribuent à leur survie.
Cette perspicacité se double d’une grande capacité à comprendre leurs propres émotions et la source de ces émotions. Elles savent en outre quand et comment exprimer leurs émotions. Cela diminue le stress, signale aux autres qu’on a besoin d’aide et favorise le soutien social. On connaît tous les dommages attribuables à l’isolement dans lequel trop d’hommes se cantonnent.
Étant donné que les femmes savent ce qu’elles ressentent et qu’elles peuvent compter sur leur capacité à les exprimer, elles supportent mieux leur propre détresse, elles sont plus aptes à accompagner un(e) proche en difficulté et elles sont ainsi mieux équipées pour le(a) soulager.
Cet accès des femmes à leurs émotions les rend également plus habiles à réagir à ce qu’elles éprouvent. Elles disposent généralement d’une panoplie de stratégies pour retrouver leur équilibre.
Les forces relationnelles des femmes
Les femmes se caractérisent également par leur empathie. Non seulement elles savent écouter l’autre, mais elles savent aussi comprendre son point de vue, ses opinions, ses sentiments et ses besoins sans le(a)x juger.
Elles respectent le rythme de chacun, font preuve de patience et de tolérance, cherchent les moyens de résoudre les conflits de manière satisfaisante pour tout le monde et savent même passer les besoins des autres avant les leurs quand la situation s’y prête. C’est de cette façon qu’elles se créent des réseaux sociaux forts qui les soutiennent en période stressante.
Le meneur parfait
Savez-vous ce qu’on dit des femmes aujourd’hui? On considère qu’elles disposent de l’ensemble des caractéristiques nécessaires aux leaders modernes, capables de gérer les changements sociaux avec intelligence, ouverture, souplesse et créativité. Agir comme une fille, c’est un compliment. Ne l’oublions pas.
- Nolen-Hoeksema, Susan. (2019) Le pouvoir des femmes. Ottawa : Broquet inc.